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Un rassemblement international pour la défense de l’eau

15 mai - 15 juin 2024
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Un an après le Convoi de l’eau qui avait rallié Sainte-Soline à Paris, Bassines Non Merci et les Soulèvements de la Terre organisent un nouvel événement qui devrait réunir des milliers de personnes : du 15 au 21 juillet, des convois convergeront de toute la France et d’Europe pour rejoindre le Village de l’Eau dans le Poitou, et vivre une semaine de formations, d’échanges et d’actions. Des témoins internationaux sont également attendu·e·s pour partager leurs expériences. L’objectif : mettre en lumière les filières qui sont rattachées au système des bassines pour mieux lutter contre.

Nous publions ici l’appel à participer à l’événement et le pré-programme.

« Malgré l’ampleur décuplée des mobilisations anti-bassines, le gouvernement s’obstine à passer en force. Cette bataille emblématique pour l’eau en tant que bien commun et pour l’agriculture paysanne est encore à gagner. En ce mois de juillet, alors que les regards du monde entier se porteront sur la parade fluviale des Jeux Olympiques à Paris, il s’agira de nous allier pour remporter la plus essentielle des épreuves : trouver les gestes collectifs pour que l’eau soit enfin protégée dans ce pays et partout ailleurs. Nous appelons donc de nouveau à converger autour de la Venise verte en péril du Marais Poitevin, des étendues agricoles épuisées du Poitou, mais aussi de ses multiples repères et terres toujours fertiles. Préparez-vous à faire fleuve, par équipes, par rivières et par bassins versants.

Bassines en berne

Les méga-bassines sont des cratères géants d’une surface allant parfois jusqu’à 18 hectares, recouverts de plastique et remplis d’eau pompée dans les nappes phréatiques. Elles sont la dernière fuite en avant d’un modèle agro-industriel qui dégrade et assèche depuis trop longtemps nos milieux de vies. Elles sont avant tout conçues pour des cultures nécessitant une irrigation intensive, au profit d’une petite minorité d’agriculteur·ice·s, et ce aux dépens de formes de stockage et de partage de l’eau vertueuses, bénéficiant à l’ensemble des agriculteur·ice·s, de la population et de la biodiversité. 

L’été dernier, le scandaleux financement des bassines à 70 % par de l’argent public a été vivement critiqué jusque par la Cour des comptes. Celle-ci constate que le parti-pris gouvernemental pour ces infrastructures retarde dangereusement le changement nécessaire des pratiques agricoles. Au sein même des institutions sensées être en charge de la protection qualitative et quantitative de l’eau, les critiques apparaissent au grand jour et le doute sur la viabilité des bassines s’installe parmi les irrigants. 

Les luttes en cours sont en passe d’enterrer une bonne partie des bassines initialement projetées. Au cours de ces trois dernières années de mobilisations, quatre bassines déjà remplies ont été jugées a posteriori définitivement illégales, 15 projets ont été annulés par le tribunal après avoir été jugés inadaptés au changement climatique, 14 autres se sont vues mises hors d’état de fonctionner et des grilles de chantier continuent de tomber. De nombreuses bassines ont déjà été abandonnées grâce à la pression exercée par l’opposition locale.

Diktat gouvernemental

Et pourtant, ils s’entêtent ! Le ministre de l’Agriculture s’est récemment risqué à annoncer un objectif de construction de 100 nouvelles bassines d’ici la fin de l’année. Aux abords du Marais Poitevin, malgré les recours juridiques toujours en cours contre les 16 méga-bassines, les chantiers continuent péniblement. Sur fond de conflit d’intérêts, deux d’entre eux ont démarré ces derniers mois à Priaires et Epannes, tandis que celui de Sainte-Soline a stagné tout l’hiver.

Le gouvernement cherche, dans le cadre de la Loi d’Orientation Agricole, à faire reconnaître un « intérêt général majeur » à ces infrastructures afin de court-circuiter les recours juridiques victorieux et piétiner les protections environnementales. Sa réponse sélective au mal-être agricole exprimé cet hiver a été de favoriser – au bénéfice des patrons de l’agro-industrie – les dispositifs et filières qui empoisonnent les agriculteur·ice·s, plutôt que de leur assurer un travail et un revenu digne. Il continue ainsi de se soumettre à des intérêts privés plutôt que de défendre réellement les paysan·ne·s et les biens communs. Il finance la stérilisation des terres plutôt que le développement d’une agro-écologie seule à même de faire face à la crise climatique. C’est bien à cette transition que les subventions publiques devraient aujourd’hui être accordées. Mais ce sont les préfet·e·s qui, dans un élan de crispation autoritaire, font aujourd’hui appel des décisions de justice et passent en force les projets de méga-bassines promis aux grandes industries, coopératives et négociants partout en France. 

Vers un moratoire !

Il nous faut donc, pour l’heure, mettre en œuvre un moratoire populaire sur le terrain et se rassembler pour en porter la nécessité. Alors que la lutte anti-bassines s’étend désormais à d’autres régions du pays et au-delà des frontières, l’enjeu de cette mobilisation est celui d’un tournant historique : si nous les arrêtons ici, nous les arrêterons ailleurs ! Si le système bassine ne vient pas prolonger l’impasse agro-industrielle – les filières d’export de maïs hybride, l’élevage hors-sol, les monocultures gavées d’intrants – nous pourrons enfin cheminer ensemble vers les formes d’agriculture qui protègent les terres et les eaux. 

Plus d’un an après la convergence à Sainte-Soline, se retrouver de nouveau massivement dans le Poitou cet été c’est, pour l’ensemble des forces sociales et écologistes, l’occasion de démontrer à ce gouvernement qu’il ne peut espérer arrêter un élan vital par la répression. Du 15 au 21 juillet, dans notre pluralité de présences paysannes, syndicales, habitan·te·s de tous âges des campagnes et des villes, nous réinventerons nos façons de manifester et de nous protéger. Nous retrouverons mille manières de marquer notre refus des projets de bassines. 

No Bassaran ! »

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