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« Histoire de Jérusalem », Vincent Lemire et Christophe Gaultier

15 janvier - 15 février 2024
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Lecteur de (Re)bonds, Benoit partage avec nous sa lecture d’une bande dessinée sortie il y quelques semaines aux éditions Les Arènes et qui retrace, en dix chapitres, 4000 ans d’histoire à Jérusalem.

C’est l’histoire d’une ville faite de symboles et d’éternels recommencements. Au début, la ville est loin de tout, de toutes routes, de toutes richesses, de tous fleuves, de toutes mers. Des efforts seront d’ailleurs toujours nécessaires pour assurer l’approvisionnement et le partage de l’eau.

Un des premiers mythes prend forme sur le rocher Salomon. Transmis de différentes façons, il deviendra un point central voire fondateur de diverses religions. Au gré de l’Histoire et des guerres alentour, Jérusalem passera de royaume en empire, cananéen, Juda, Babylone, grec, romain, byzantin, perse, ottoman, britannique... A chaque changement d’influence, les mythes sont réécrits, les symboles sont réappropriés, et les lieux saints sont ré-attribués : païens, chrétiens, musulmans, juifs sans oublier les différents schismes de ces mêmes religions (catholiques, orthodoxes, protestants… pour ne citer que le christianisme). Par exemple et d'après la bande dessinée, le passage de Jésus à Jérusalem est peut-être passé relativement inaperçu au milieu des événements de l’époque, il deviendra pourtant central à force de broderie. De même, chaque nouvelle hypothèse sur l’emplacement de son tombeau crée le doute tout comme l’authenticité du Saint Suaire. Ces réécritures servent à asseoir une hégémonie, un communautarisme alors que la répartition des différentes populations et confessions n’évoluent pas nécessairement. Jérusalem est également victime de plusieurs tremblements de terre dévastateurs aggravant ces cycles de constructions/déconstructions, ces relectures et réappropriations des légendes et de leurs lieux.
Au fil des siècles, Jérusalem devient un carrefour du Monde, sur la route des Croisades, des Mongols, de l’Egypte, de l’Europe...

Elle devient surtout un lieu de pèlerinage majeur de plusieurs religions ce qui aurait pu faire d’elle la ville sainte universelle. Au lieu de cela, chacun cherche toujours à s’approprier l’exclusivité de ses symboles. Sans être le but principal, les symboliques de Jérusalem font partie de la guerre actuelle. Même si celle-ci trouvait un jour une fin, serait-elle la dernière ou un nouveau cycle ? A force de réécrire les mythes pour les faire siens, qui connaît encore leurs origines ? A quoi bon se battre pour une histoire que chacun croit connaître mais que plus personne ne connaît vraiment ?

Seul point fixe de ces 4000 ans, la Nature et les oliviers du mont des Oliviers qui narrent ces cycles sans fin dans cette bande dessinée. Ces mêmes oliviers dont les rameaux deviendront curieusement le symbole de la paix sur le drapeau de l’ONU. Cette BD, qui fait la part belle à la diversité des visages, rappelle cependant que Jérusalem a aussi connu des cycles de paix et de partage.

Benoit

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