« En toute liberté - une radio pour la paix », Xavier de Lauzanne
L’équipe est multiculturelle, à l’image de la société irakienne : Arabes, Kurdes, Chrétien.nes, Musulman.nes, Chiites, Sunnites et Yezidi.es avaient l’habitude de cohabiter avant l’arrivée de l’armée américaine dans les années 1990. Mais les guerres récentes ont déstabilisé durablement la capacité des différentes communautés locales à coexister. La société mixte et pluraliste a terminé de voler en éclats avec l’occupation de Daech dans la zone de Ninive.
Quand Xavier de Lauzanne filme les premières images de son documentaire en 2018, la zone a été libérée depuis un an. Le territoire irakien compte alors plus d’un million de déplacé.es internes. Ayant fui durant les combats, iels ont tout perdu y compris leurs maisons et doivent rester vivre dans des camps. C’est là que les journalistes de Radio Al-Salam, Fabian, Shahad, Meethak, Hani, Naveen, Ronza et Samir, se rendent chaque jour pour collecter la parole des habitant.es. Avec un fil conducteur : comment faire revivre la coexistence entre communautés ? « Nous sommes à une époque où les armes sont plus puissantes que la parole, c’est à nous d’inverser ça », explique l’un des membres de l’équipe.
La radio se veut également « une plateforme d’écoute, de dialogue et de compréhension pour tous.tes celleux qui ont connu le déchirement de l’exil, quelles que soient leur religion et leur origine ethnique », peut-on lire sur le site de la radio. Le studio est aussi un lieu d’expression pour les journalistes du monde entier, les travailleur.ses humanitaires, les chercheur.ses ou les diplomates désirant délivrer un message aux exilé.es.
Le film de Xavier de Lauzanne n’explique pas dans le détail comment la radio a été créée, comment elle fonctionne techniquement ou comment elle est gérée. La radio est ici le prétexte à relater des histoires singulières – celles des journalistes et celles de leurs interviewé.es – qui se rejoignent dans l’expérience commune de la guerre et de la difficile reconstruction. Les nombreux plans tournés dans la ville en ruine de Mossoul semblent symboliser la tâche titanesque qui s’annonce encore pour ces populations qui souffrent depuis plusieurs décennies. D’autres images donnent pourtant de l’espoir de voir un jour les communautés vivre en paix.
Après « 9 jours à Raqqa », Xavier de Lausanne signe ici le deuxième épisode de sa trilogie consacrée à la vie après Daech. Sorti au cinéma en mars 2023, il est désormais disponible en DVD. Le troisième épisode intitulé « Mossoul Campus » est actuellement en post-production.
Entre temps, le réalisateur a sorti, en mars 2024, « La beauté du geste – danse et éternité », qui explore à nouveau la reconstruction des sociétés traumatisées par les guerres, cette fois à travers la survie d'un art ancestral considéré comme un socle identitaire pour les Cambodgien.nes.
Pour en savoir plus sur Radio Al-Salam, rendez vous sur le site : https://radioalsalam.com/qui-sommes-nous/