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Photo de couverture

« Le Front populaire expliqué en images », Michel Winock

Le nouveau Front populaire : c’est ainsi qu’est présenté l’accord entre différents partis de gauche pour présenter des candidat·e·s commun·e·s aux élections législatives 2024. Mais cette union de circonstance contre un ennemi commun est-elle réellement une résurgence du Front populaire de 1936 ? Pour le savoir, il faut faire appel à l’Histoire. Ce livre, richement illustré de photographies d’époque, revient sur cette période souvent idéalisée par la gauche.

Des défilés dans la rue, des ouvrier·e·s en grève, des réunions politiques, mais aussi des images de vacances et de détente ou de la guerre… Les symboles iconographiques sont nombreux lorsqu’on aborde le Front populaire. Il émane de ces clichés de la fierté, de la joie, de la liberté, de l’héroïsme… Pourtant, la réalité est plus complexe et le Front populaire n’est pas aussi uni que ce que la mémoire collective aura sans doute retenu.

L’ouvrage de Michel Winock offre deux intérêts : un intérêt historique puisque l’auteur rappelle tout le contexte dans lequel est arrivé le Front populaire, constitué contre la montée des ligues d’extrême droite et du fascisme ; et un intérêt photographique, les clichés étant souvent l’œuvre de témoins émérites tels que Robert Doisneau, Robert Capa ou encore Willy Ronis.

Coalition politique de gauche comprenant le Parti radical, la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) et le Parti communiste, le Front populaire est né concrètement en réaction au défilé des ligues d’extrême droite le 12 février 1934 et en prévision des législatives de 1936. Michel Winock rappelle toutefois qu’il trouve son origine bien avant, puisque des tentatives de « blocs de gauche » avaient lieu depuis le XIXe siècle. Sans grand succès.
En 1936, le Front populaire emporte une majorité de sièges à l’Assemblée nationale et donne quatre gouvernements entre juin 1936 et avril 1938. L’auteur revient sur les figures politiques marquantes : Léon Blum, Camille Chautemps, Edouard Daladier, Jean Zay, Léo Lagrange, Vincent Auriol, Pierre Cot… En tant que chef du gouvernement, Blum est le premier à faire appel à des femmes (Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie et Cécile Brunschvicg) pour occuper des secrétariats d'Etat, alors que celles-ci n'ont toujours pas le droit de vote.
D’importantes réformes sociales vont être votées durant ces deux courtes années comme la réduction du temps de travail à 40 heures, l’établissement des conventions collectives et la création de deux semaines de congés.
Mais, les dissensions sont trop fortes, parmi lesquelles des désaccords sur le soutien militaire de la France aux Républicains espagnols opposés aux Franquistes ou encore les mesures prises face à la crise économique en cours depuis 1931.

Quels points communs le nouveau Front populaire a-t-il avec cette période ? Il représente un espoir pour tous·tes celleux qui croient en l’union de la gauche pour faire barrage à la droite et à l’extrême droite ; il reçoit le soutien des organisations syndicales ; il liste dans son programme des mesures résolument sociales, en faveur des plus modestes ; il s’exprime pour la résolution des conflits en cours et en faveur de processus de paix durable. Déjà, en 1936, l’alliance était imparfaite et d’importantes tensions traversaient le mouvement, ce qui ne l’a pas empêché de concrétiser des avancées notables en matière de droit social pour les Français·e·s.
Certes, le contexte était différent et le résultat le sera aussi : même si le Front populaire l’emportait au soir du 7 juillet, il ne pourrait espérer qu’une cohabitation.

« Le Front populaire expliqué en images » par Michel Winock a été publié en 2016 aux éditions du Seuil, à partir d’un précédent texte épuisé, paru en 2006 aux éditions Bayard sous le titre « La Gauche au pouvoir ».

Plus d’informations sur www.seuil.com