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« Une écologie des relations », Philippe Descola

Un petit ouvrage lisible en deux heures mais qui ouvre les portes de tout un monde… « Une écologie des relations » est une très belle introduction à la pensée et aux travaux de Philippe Descola, accessible à tous.

Né en 1949 à Paris, Philippe Descola est considéré (avec Claude Lévi-Strauss dont il fut l'élève) comme l'un des plus grands anthropologues français du XXe siècle. Nous pourrions dire aussi, du début du XXIe siècle : l'homme est toujours vivant et ses recherches entrent parfaitement en résonance avec l'époque que nous traversons.

Dans « Une écologie des relations » (CNRS éditions), Philippe Descola retrace son parcours, ses débuts en philosophie, sa découverte de l'ethnologie, ses expériences d'anthropologue…
Il approfondit les différences entre quatre ontologies, c'est-à-dire quatre modèles de la façon dont les humains perçoivent des continuités et des discontinuités dans le monde : le naturalisme, l'animisme, le totémisme et l'analogisme.
Il prouva notamment qu'il n'existe pas d'universalité de la distinction entre nature et culture : alors que les Occidentaux considèrent les humains comme une espèce à part, douée de capacité réflexive, ils ne considèrent pas les autres êtres, non-humains, comme leurs semblables. Au contraire des Indiens Achuar, par exemple, que Philippe Descola a pu longuement observer à partir de 1976, pour qui le concept même de nature n'existe pas et qui entretiennent avec les non-humains des rapports sociaux équitables.

Après sa thèse, intitulée « La Nature domestique, symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar », il devient maître de conférence à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Il obtient ensuite une chaire au Collège de France. Il fonde son enseignement sur la discussion avec ses étudiants, pour enrichir sa propre réflexion.
Aujourd'hui à la retraite du Collège de France, il n'en poursuit pas moins ses recherches. Il prépare un livre sur les images qui caractérisent les modèles ontologiques cités plus haut. Il souhaite également travailler sur « la nature de ce qu'on appelle traditionnellement société », un terme inadéquat pour bien des populations dans le monde.

Après « Une écologie des relations », nul doute que vous aurez envie de poursuivre avec les autres ouvrages de Philippe Descola : pourquoi pas, « La composition des mondes – entretiens avec Pierre Charbonnier » (éditions Flammarion), « Par delà nature et culture » (Gallimard), la « Leçon inaugurale au Collège de France pour la chaire d'anthropologie de la nature » (éditions Collège de France) ou encore le récit chez les Achuar « Les lances du crépuscule : relations Jivaros. Haute Amazonie » (Plon) ?

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